Les réformes universitaires

Publié le par AGEL FSE

Depuis une vingtaine d'années, les gouvernements successifs  et leurs ministres de l'Education Nationale s'attaquent à l'éducation publique, laïque et ouverte à tous, notamment en organisant la pénurie budgétaire.

            L'harmonisation européenne, la régionalisation financière et l'autonomie pédagogique des facs, et enfin la commercialisation des savoirs s'inscrivent toutes dans une seule et même logique : la casse de l'enseignement public et la mise en place d'un marché concurrentiel de l'éducation et de la formation. Elles entraînent sélection sociale, concurrence, appauvrissement et vision utilitariste des savoirs.

 

 

Harmonisation européenne

           

   Les premiers prétextes utilisés pour casser le service public d'éducation sont l'harmonisation européenne et son mythe corollaire, la mobilité étudiante en Europe (qui ne représente qu'un petit pourcentage d'étudiants).

 

 

LMD-ECTS

            Le LMD a entraîné, depuis 2003, une harmonisation des cursus en bac+3, +5 ou +8 dans la majorité des facs, faisant disparaître le DEUG (+2) et la maîtrise (+4). Il induit ainsi une plus grande sélection  sociale, puisque qu'il faudra financer plus d'années d'études pour avoir un seul diplôme.

            Les ECTS permettent de mettre au même plan un module d'enseignement et un stage en entreprise et s'adaptent parfaitement à la professionnalisation et à la pluridisciplinarité. Il n'existe plus de maquettes nationales des diplômes, tout est défini dans chaque fac. C'est la suppression d' un droit étudiant fondamental : l' égalité des diplômes partout en France, entraînant ainsi une mise en concurrence des facs entre elles et un classement de celles-ci. Les diplômes sont donc locaux et individualisés.

 

 

Commercialisation des savoirs

Les réformes en place et celles à venir ont pour but de rendre l'enseignement supérieur et notamment la recherche rentable, exportable et profitable à l'économie.

 

 

Loi sur l'innovation

Un premier décret sur la recherche avait été élaboré par Allègre en1999. Il officialisait les rapports entre recherche (jusqu'alors publique) et secteur privé.

 

Le Pacte sur la recherche

Le « pacte sur la recherche » s’est fortement inspiré du rapport des Etats généraux de la recherche. Ils partagent le même objectif : mettre la recherche au service des entreprises et des intérêts capitalistes. Ce pacte met en place des instances (haut conseil de la science et de la recherche, agence nationale de la recherche) chargées d’orienter la recherche sur des projets jugés utiles pour faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde ».

 

Le moyen utilisé est la création de PRES (pôles de recherche d'enseignement supérieur) qui seront attribués aux facs et aux formations les plus rentables évidemment.          Ces pôles d'excellence sont financés par les entreprises et les collectivités locales. Cela suppose une totale subordination des savoirs aux besoins du patronat qui pourra décider des moyens alloués à ces formations et de la teneur des programmes. La recherche sera, en effet, soumise à trois critères pour recevoir des financements : innovation, excellence et compétitivité. On voit mal quelle place peut prendre la recherche fondamentale dans ces critères.

 

 

            C'est donc la recherche appliquée qui sera privilégiée. La survie des formations et des programmes de recherche seront soumise à l'arbitraire du marché économique.

            Depuis janvier 2003, il existe, à Toulouse, une chaire Pernod-Ricard " politique de la concurrence " : en échange de 150 000 euros, Pernod-Ricard peut bénéficier gratuitement du résultat des recherches de cette unité et de main-d'oeuvre d'étudiants obligés de faire des stages non-rémunérés

 

 

Régionalisation et autonomie des facs...

 

Enfin, l'Etat se désengageant massivement de l'enseignement supérieur, les facs devront se tourner vers les régions et les entreprises privées locales pour se financer, ce qui conduira à la situation région pauvre = fac pauvre et région riche = fac riche.

           

            Le LMD enterre les diplômes nationaux et favorisent la mise en place de diplômes locaux. Avec l'annexe descriptive (document attaché au diplôme qui comportera la fac, tous les modules, les notes, appréciations...) et le classement des facs entre elles "selon un système d'évaluation [...] performant et efficace", les diplômes n'auront donc plus la même valeur favorisant donc la concurrence entre étudiant-e-s.

            La destruction du cadre national des diplômes, la baisse du budget, entraînent un changement de pouvoir dans l'Université, selon le principe  « celui qui paie, décide ». Il sera donné plus de pouvoir d'intervention au privé et aux élus locaux, déjà présents au CA des Universités. (ex : 3 personnalités extérieures MEDEF à Caen. À l'Université de Toulouse I, il y a 10 représentants des entreprises, pour 9 représentants étudiants sur un total de 40 membres).

 

 

            Le pacte sur la recherche avec les PRES va officialiser les rapports entre facs et entreprises privées. C'est en fonction du classement des différentes facs et des besoins locaux que seront mises en place les formations : certaines se verront dotées de "pôles de compétitivité" se devant d'être rentables et donc spécifiques à l'économie dominante de la région alors que d'autres seront progressivement exclues de la recherche faute de moyens.

            Cela va entraîner une restriction des choix des cursus suivant les régions et contraindre les étudiants  à la mobilité, pénalisant de fait les étudiant-e-s d’origine modestes.

 

 

C'est la mise en concurrence de nos facs, de nos diplômes et de nos enseignements que nous préparent depuis bientôt 10 ans les ministres successifs de l'Education Nationale. Cette capitalisation de l’enseignement conduira à la fin du cadre national des diplômes, à la multiplication de stages non rémunérés, au sacrifice de certaines filières "non-rentables".

Publié dans Professionnalisation

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